Bouc émissaire, le concept en contextes, l’impératif catégorique du sacrifice, par Yacine Belambri

L’impératif catégorique du sacrifice

une contribution rédigée par Yacine Belambri

dans le chapitre La figure du bouc émissaire,

chapitre 3 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes, dirigé par Rémi CASANOVA et  Françoise-Marie NOGUES,

publié aux PUS, en novembre 2018

 

Le texte commence par ceci :

« René Girard, dont les ouvrages ont eu, entre autres, le mérite de montrer l’importance capitale du sacrifice du bouc émissaire transfiguré en Dieu ou, pour le moins, en personnage ayant toujours un lien au sacré dans les religions archaïques, s’est également interrogé sur le devenir de ce rituel dans les sociétés contemporaines. Quand on analyse l’ensemble de son œuvre on peut voir que Girard a été un moment tenté, concernant le christianisme, par une interprétation radicalement « non-sacrificielle » des Evangiles, interprétation qui lui semblait pleine d’avenir et qu’il appelait clairement de ses vœux (Girard, 1978). Cette interprétation avait d’autant plus ses faveurs qu’elle serait presque un « signe des temps », annonçant l’advenue du Royaume. Mais dans la dernière partie de son travail, il semble marquer une inflexion importante, sous l’influence notamment du théologien Raymund Schwager (2010), et semble mieux accepter la lecture canonique du terme de sacrifice (Girard, 2001) » 

et se termine par ceci :

« À partir de La violence et le sacré, Girard pensait pouvoir prouver que l’enjeu principal du christianisme était de révéler les ressorts sacrificiels des religions archaïques. Cette « révélation » semblait rendre totalement vaine et caduque l’institution du sacrifice. Mais la thématique du bouc émissaire en modernité va conduire Girard à nuancer l’opposition trop tranchée entre le religieux archaïque sacrificiel et la révélation évangélique censée dépasser totalement cette problématique du sacrifice. Par la suite, Girard aura au contraire le souci de mieux concilier le religieux archaïque et le judéo-christianisme qui en serait la « révélation ». Son hypothèse visera à articuler les continuités et les ruptures. C’est justement parce que les Evangiles ressemblent à tous les autres mythes qu’ils peuvent montrer en quoi ils en diffèrent radicalement sur certains plans. Cette lecture plus mesurée et conciliante (qui « n’accuse plus la différence ») de l’histoire religieuse commune à toute l’humanité permet l’actualisation complète dans notre univers moderne du thème du bouc émissaire.»

On y trouve notamment :

« Nous avons choisi le film Flight (2012), de Robert Zemekis[1]. Deux raisons principales nous ont amenés à analyser cette œuvre : d’abord le thème du bouc émissaire y est central et manifeste comme enjeu de l’intrigue elle-même. Ensuite (…),»

« Dans l’esprit de Whitaker, tout se passe comme si, désigné lui-même comme bouc émissaire, il devait, pour se disculper, proposer à la vindicte populaire un bouc émissaire de substitution »

 « L’accident de l’avion dont il tenait les commandes aurait pu agir sur Whitaker comme une sorte de rite de passage pour ébranler son déni du principe de réalité, déni qui explique également son recours à des psychotropes. »

                                                                                

Livre Bouc émissaire, le concept en contextes, la contribution de Yacine Bélambri, l’ impératif catégorique du sacrifice : ICI

Yacine Belambri

Yacine Belambri, la dynamique sacrificielle du bouc émissaire

Yacine Belambri, auteur d’une contribution : bouc émissaire, le concept en contextes

Université de Montpellier III. Ses recherches s’appuient sur l’hypothèse girardienne d’un lien supposé originel entre violence et sacré. Il est l’auteur de la thèse : L’hypothèse mimétique à l’épreuve de l’imaginaire : la gestion cathartique de la violence dans le cinéma.

 

[1]Très connu pour son Retour vers le futur, au succès planétaire.